Dictio-finement

 Edward Hopper, People in the sun

J’ai trop cuisineriché cette semaine, faut que je m’accorde une sortation avant que ma canapoïte me rattrape.
Je ne sais plus où j’ai rangé mon attestout. Si les argousins m’arrêtent !!!!
Finalement, je ferais mieux de rester chez moi… Il me reste du paramour… j’en raffole… surtout en période de couettinite.
Depuis que je souffre d’oligobarie je compense…. que voulez-vous, chacun fait comme il peut, n’est-ce pas ?

ATTESTOUT : Petit bout de papier indispensable qui permet d’acheter du pain, promener son chien (ou celui du voisin), se rendre à la pharmacie pour demander des masques qui n’arrivent jamais…Document utilisé en temps ordinaire pour ne pas se rendre à son travail ou excuser son gamin qui a séché un cours… Autres temps, autres mœurs.

ARGOUSIN : Se déplacent généralement à deux, à l’abri d’une fourgonnette blanche et bleue reconnaissable au code émis par un phare de toit : R.S.T.CHé.VOU !

BOUSCULADE : Vieux souvenir d’un temps qui semble si loin.

CLOTURE : Horizon d’un confiné, au-delà voir Attestout.

COLLECTION : Se dit généralement d’une grosse quantité de choses plus ou moins utiles mais très importantes pour le collectionneur. Exemple : pâtes et papier hygiénique.

DENONCIATEUR : Personne qui surveille les allers-retours à vélo de son voisin et estime pour des raisons obscures que cela ne se fait pas.

ECRAN : D’ordinaire de taille moyenne, destiné à se protéger du regard des autres pour enfiler un maillot. En cas de confinement devient indispensable quelle que soit la taille du dit écran, petit, grand, tactile, à télécommande mais répand aussi angoisses et peu d’espoir. A éviter aux heures de grande diffusion.

FLANDRIN : Se dit généralement d’une personne qui au lever demande ce qu’on fait aujourd’hui ! Alors que c’est tous les jours pareil pour un confiné.

PARLOCOUDE : Essayer de faire le code d’un parlophone avec le coude, vous m’en direz des nouvelles.

SILENCE : Cette chose que l’on recherche avec passion 1 jour par semaine en temps ordinaire et que l’on voudrait bien fuir tous les jours pour un confiné.

SCIENTIFIQUE : Se dit d’une personne éminente qui en impose par son savoir. En cas de con…finement il y a con…fusion :
Il y a ceux qui cherchent,
Il y a ceux qui trouvent,
Il y a ceux qui parlent, qui parlent, qui se contredisent,
Il y a ceux qui expliquent à un amphithéâtre d’étudiants
Il y a ceux qui sont sauvés,
Il y a ceux que l’on expérimente…

TOC : Obsession du confiné dans la répétition des tâches : Faut-il astiquer les poignées de portes avant le passage de l’aspirateur ou l’inverse ?

TYPHON : Risque considérable en sortie de confinement.

USTENSILE : Accessoire destiné à préparer de bons petits plats. En ces temps perturbés, libère le talent musical de toute une population de confinés. A noter que connaître la gamme classique n’est pas obligatoire !

VAGABOND : Confiné errant dans la limite d’un kilomètre autour de son pavillon.

VARIABLE : Humeur du confiné en rapport avec la clôture, la collection, le dénonciateur, les écrans, les scientifiques (voir ci avant).

WEEK-END : Tous les jours pour un confiné.

ZOMBI : Risque important sur le devenir d’un confiné passé soixante jours de confinement.

Gérald I

 

– Le paramour : doux nom masculin. Gâteau amoureusement moelleux à base de pâte à câlins, garni de crème de nuage parfumée aux bisous à la framboise sauvage.  Créé lors du confinement de 2020 par un pâtissier amateur amoureux.

– La couettinite : nom commun féminin. Pathologie apparue lors du confinement de l’année 2020. Désigne la forme bégnine ou maligne de l’envie irrésistible de rester à deux cachés sous la couette. À ce jour, aucun spécialiste ne s’est empressé de trouver un traitement.

– Le jardiflore : petit bouquet matinal des fleurs du jardin cueillies par amour, posé gentiment sur la table du petit-déjeuner.

Sandrine M.

 

Oligobarie : n.f. tiré du grec oligos: peu, petit nombre; désigne une maladie extrêmement contagieuse affectant toute personne adulte, privée de se rendre à son bistrot préféré pour y déguster un café-croissant le matin en lisant son journal, ou de refaire le monde avec ses amis, autour d’un verre, le soir.

Je suis atteinte d’oligobarie depuis le 17 mars mais je me soigne …à la maison bien sûr !

 

Chifftoc : n.m. issu du français médiéval : travers consistant à passer ses journées, voire ses nuits, un chiffon à la main en quête du moindre grain de poussière, de traces de doigts collants de confiture sur le piano laqué ou de traces de boue sur la moquette, provenant de chaussures mal essuyées.

Depuis six semaines, le chifftoc m’a atteinte de plein fouet : je dors avec mon chiffon jaune sous l’oreiller, il ne quitte pas ma poche de toute la journée, je me suis même surprise à frotter le chat noir pour qu’il devienne blanc !

 

Cuisineriche : v.tr. verbe d’origine française (à ne pas confondre avec « cook » qui nous vient d’outre-Manche)

Manière de cuisiner tout à fait au goût du jour, qui consiste à remplacer la goutte d’huile par un bon quart de plaquette de beurre et, si possible, à rajouter deux cuillerées de crème fraîche (entière de préférence) en fin de cuisson.

J’ai personnellement testé cette façon de faire : j’en suis très satisfaite : j’ai pris deux kilos en moins de deux mois !

Annette L.

 

 

Une SORTATION : Sortie qu’on s’autorise pour prendre l’air avec une raison confinement correcte.
Exemple : J’ai fait une sortation à la jardinerie. Il me fallait de la ciboulette pour mon omelette.

 

Une CORONAVIE : Vie en forme de couronne où l’on tourne en rond.
Exemple : Depuis le début du confinement, Je mène une coronavie.
Je fais du sport avec mon poisson rouge, on tourne en rond à un mètre de distance.

 

Une VITIBARRIERE : boisson, issue de la viticulture, prise en début de repas, pour désinfecter le tube digestif, afin de ne pas contaminer les aliments ingérés.
Exemple : A 11 heures 30 et 18 heures 30, je prends un verre de Sancerre.
C’ est une vitibarrière pour éviter de contaminer mon plateau repas.

 

Une CANAPOÏTE : Gonflement des cellules graisseuses, liée à la position prolongée devant un écran.
La canapoïte se manifeste principalement au niveau de la ceinture abdominale.
Exemple : Mes pantalons ont les coutures en souffrance à cause de la canapoïte que j’ai contractée pendant le confinement.

 

CULPACONFISER : se sentir coupable de manger des confiseries pendant que d’autres meurent de faim.
Exemple : J’ai culpaconfisé de manger une poule en chocolat à Pâques. Je l’avais achetée pour soutenir le chocolatier du quartier.

 

Un PYJOUR : Pyjama porté exclusivement la journée quand on ne sort pas de chez soi.
Cette tenue ample et confortable permet de garder des repères temporels.
Exemple : Quand j’ai apéroskypé à 19 heures, je mets une alerte à 17 heures 30 pour avoir le temps de me préparer : boire un café, prendre une douche et mettre un pyjour.

 

Une ENVIE BARRIERE : Besoin physiologique qui empêche de glisser dans le laisser aller et oblige à se mettre en mouvement.
Exemple : A 13 heures, j’ai une envie barrière de manger. Mon ventre crie famine. Je me lève de mon lit et marche jusqu’ à la cuisine.

O.T.