Journalistes pour créatures bizarres…

 


– Bonjour Robot Cuisinier, je suis le journaliste des créatures bizarres. Comment vous vous sentez ?
– Pas très bien. Je ne peux pas lire le soir parce que je n’ai pas de livre. Tu as déjà vu un cuisinier avec un livre ? Je ne peux plus aller en chercher depuis le confinement…
– Bah, les cuisiniers ont des livres de recettes, ha ha ha !
– Ce n’est pas drôle ! Je n’ai pas de livres de recettes, je les connais par cœur.
– Ah ! En effet, c’est vraiment dommage !
– Mais de toute façon, même si j’en avais, ça ne changerait rien. Je ne vais pas lire un livre de recettes.
– Au revoir Robot cuisinier ! Je crois qu’on a assez parlé de livres.
Côme, 8 ans.

 

 

BONJOUR
Chez Nice-Matin nous allons interroger Monsieur Patate.
– Comment vous mangez ?
– J’ai tout préparé !
– Où vous vivez ?
– Je vis dans une machine d’avant et je creuse des murs. Ça vous dérange ?
– Oui beaucoup.
– Comment vous faites vos courses ?
– Je me cache et je les prends.
– Et pour sortir pour faire du sport ?
– J’ai une salle ou bien je peux sortir dehors.
– Et pour la télé ?
– Je regarde pas tout le temps la télé.  Ça va bien non !
– Et pour vous laver
– J’attends un peu.
– Et pour vous cacher quand ils arrivent ?
– J’ai une cape d’invisibilité.
– Et votre famille ?
– Je n’en n’ai pas.
– Avez-vous un message pour les humains ?
– Oui restez chez vous pour sauver des vies et qu’on fasse partir le virus.

Kenza, 8 ans

 


– Bonjour Accordéon Bleu, je suis journaliste pour les créatures imaginaires. Aujourd’hui nous allons parler de votre vie. Comment vivez-vous en ce moment ?
– Vous ne pouvez pas imaginer. Depuis le confinement, tout le monde est chez soi, et je ne peux plus faire ce que je faisais avant.
– Que faisiez-vous ?
– J’ai besoin de manger, comme tout le monde.
– Et comment faites-vous ?
– J’attends qu’ils dorment, mais c’est long. Ils sont grands maintenant et ils se couchent tard, vers minuit !
– Ah oui je comprends ! Avez-vous des amis ?
– Non ! Je ne peux pas m’en faire, car dès que je rencontre un humain et qu’il me voit, je disparais.
– Vous devez vous sentir seul.
– Oh que oui…
– Connaissez-vous votre famille ?
– Non ! Je ne l’ai jamais rencontrée.
– Bon je crois que j’ai assez de renseignements. Au revoir !
– Au revoir !
Solène, 9 ans.

 

 

 


– Bonjour Monsieur. Je suis journaliste au journal des créatures inconnues.
– Moi, je suis Cornuciaffe.
– Enchanté, Cornuciaffe. Je voulais vous demander : Le confinement change-t-il quelque chose pour vous ?
– Oh oui ! J’habite dans une maison qui appartient à une famille de cinq personnes. Je l’avais choisie car elle était assez grande. Avant, il n’y avait quasiment jamais personne dans cette maison et, en ce moment, ma vie est chamboulée car les habitants passent maintenant leur temps à tourner en rond dans la maison.
– Ah ! Je comprends ! Donc, pour vous, le confinement est embêtant. Osez-vous vous montrer ?
– Non ! Je ne me montre pas. Je reste caché tout le temps. J’ai juste remarqué que les personnes habitant cette maison allaient se reposer vers 22H car, dès lors, il fait tout noir dans la maison et il n’y a plus un bruit. J’aime ce moment… Ce moment me repose parce que quand ils ne dorment pas, ils font un bruit d’enfer ! Quand j’entends leurs ronflements, je sais qu’ils dorment pour de bon. Je me glisse alors hors de ma cachette et me rends dans la cuisine. Je farfouille dans les placards pour trouver quelque chose à manger, puis, je retourne me cacher et je dévore mon butin.
– Et les habitants de cette maison n’ont jamais découvert que vous voliez à manger dans les placards et ne vous ont jamais vu ?
– Bah en fait, des fois, je les entends crier « Qui a mangé mes biscuits au chocolat ? » ou « Où est passé le pot de glace à la vanille ? » mais ils n’ont jamais découvert que c’était moi qui les volais et, s’ils m’avaient vu, ils n’auraient pas eu le temps de penser que ça pouvait être moi qui volait de la nourriture car ils se seraient évanouis avant.
– Ils se seraient évanouis ?
– Ben oui, avec mes deux longues canines et mes cornes, ils auraient eu peur !
– Et le fait qu’ils s’évanouissent leur aurait fait oublier l’incident ou ils s’en seraient souvenu ?
– Je pense que Renio, le plus âgé des enfants, s’en serait souvenu et il aurait réussi à raviver la mémoire de sa famille puis, ils auraient sûrement prévenu la police, et, c’en était fini de mon existence paisible et secrète. Donc, il ne faut surtout pas que je me montre.
– Et du coup, en résumé, le confinement n’est qu’une source d’embêtements pour vous.
– Presque. Quelques fois, je m’amuse à les regarder faire un puzzle ou une autre activité… Mais c’est sûr que le confinement est plus une source de contraintes que de bienfaits pour moi.
– D’accord ! Bon allez, je vous laisse ! J’ai d’autres personnes à interviewer !
Thomas, 11 ans.

 


– Bonjour comment vous appelez-vous ?
– Je m’appelle Lapina.
– Et votre nom de famille ?
– Ah, ok mon nom de famille ?
– Oui…
– Pinat
– Ok.
– Et vous comment vous vous appelez ?
– Je m’appelle Juliette.

 

– Bonjour Moisette PANARI, Bienvenue !
Vous voici sur une éponge javellisée !
C’est la première fois que vous venez ici.
Quelles sont vos impressions ?
– Je perds pied. C’est tout mou.
Le plus dur pour moi, c’est la javel.
Ça me fait gonfler les tentacules.
J’ai réussi à vivre plusieurs mois derrière le robinet, bien cachée, avant le stress du virus et l’averse de désinfection.
Je suis bien consciente que si je ne mute pas, c’est la fin pour moi.
Désolée, je vais devoir vous laisser. Je glisse. »
O.T

 

 

BIGOUDI DOUBLE BEC

Je l’aperçois, lui qui brouille tous les repères. Figé, il m’observe, stoïque. Il attend quoi ?
-On a rendez-vous ?

-Moi ? Je n’ai rien demandé !

-Pourtant il me semble que…

-J’étais là depuis toujours, mais vous étiez occupé à autre chose, vous ne me voyez pas.

-C’est vrai qu’avec cette dégaine pas possible, une tenue de scène peut être ?

Ah oui ! Il a bougé, un peu sur la droite. Le vent ? Il se réveille ? On dirait que son regard me fixe, car il s’agit bien d’un regard ?
-Moi je ne demande qu’à fleurir, profiter du soleil !
-Enfin, vous devez venir de loin, on n’est pas habitués ici…
-C’est vrai, j’ai beaucoup voyagé, mais c’était il y a si longtemps, et puis ici je suis très bien.
Un lézard qui m’est passé entre les jambes s’est arrêté, a penché la tête sur le côté et essaye de comprendre.
-Ah ! Toi aussi !

Il cherche ses repères finalement, un fantôme ? Mais un fantôme ça ne parle pas !
Il a dû réaliser quelque chose d’impensable pour avoir un look pareil.
Le tonnerre me fait sursauter, la pluie s’abat par bourrasques violentes. Son œil de cyclope cligne, je suis trempé. C’est malin de discuter avec ce truc. Je vais m’enrhumer c’est sûr à vouloir raisonner sur je ne sais quoi !
– Allo docteur ? Je vois des choses bizarres dans mon jardin !
-C’est normal après cinquante jours de confinement,
-Mais quand même, des fleurs qui parlent…
-Vous savez, chez moi, je vois des cigognes dans mon salon, elles reviennent d’Afrique en ce moment ;
-Aah Ouui ! Tout de même ! Vous avez raison, je vais les attendre ce soir, merci docteur !
Gérald I