De vos fenêtres…

Il marche sur Vence, le mercredi 15 avril 2020 alors que le monde est en confinement. La cause, le coronavirus. Il passe devant une très belle fenêtre, très bien nettoyée, pas de traces de mains, elle est toute propre.
– Wouahou, ça a l’air beau !
Il prit ses jumelles et regarda.
– Oh mais c’est Khadija et Fairouz ! Elles font cours à distance ? Ah, non, c’est une qui parle en disant « bienvenue à l’atelier de L’écriture nomade » ! Je sens cette odeur de parfum !
Et il s’assit pour en savoir plus !
« Nous allons commencer par un tour de tests audio » dit cette dame mystère.

Et il cria à Fairouz et Khadija :
– Vous faites quoi ??
– Nous sommes entrain de faire un atelier d’expression à voix haute. Avec Sophie et Sandrine et nos amis, à distance, dit Fairouz.
– Sur Zoom ?
– Oui. Répondit Khadija.
– Passez le numéro, j’aimerais inscrire mes enfants, ils s’ennuient en ce confinement, dit l’homme.
– OK, 06 .. .. .. .. dit Fairouz.
– Ok. Et une question : d’où vient cette odeur de vanille ? dit l’homme.
– C’est ici. C’est la bougie qu’on allume pendant qu’on dessine ! répondit Fairouz.
– Et où avez-vous acheté la bougie à la vanille ? dit le monsieur.
– À Gifi, dit Khadija.
– Merci, au revoir, dit le monsieur.
– Au revoir s’exclament les deux sœurs.
Fairouz

 

 

Par la fenêtre,
Je sens le carotte cake
Je vois les fruits et les légumes
Dans le panier.
Juliette

 

 


Par la fenêtre j’entends la voix d’un Monsieur.
Par la fenêtre je sens des fleurs roses.
Par la fenêtre je peux voir des arbres.
Par la fenêtre je peux écouter de la musique.
Par la fenêtre je peux voir des maisons.
Bardia

 

 

Par la fenêtre, je vois une cuisine abandonnée.
Maud

 

Aujourd’hui, le 15 avril 2020 je regardais par ma fenêtre pendant le confinement. J’ai ouvert la fenêtre, j’ai entendu une sirène de police pour contrôles les personnes comme la dame qui avait fait du shopping, quelqu’un qui faisait du sport.
Je sentais les odeurs des habits neufs, quelle belle odeur !
J’ai vu la transpiration du monsieur qui faisait du sport. Je la sentais.
Je voyais le monsieur. Il était comme Charlie Chaplin, il avait des gouttes roses partout sur lui.
Il était assez bizarre.
La police les avait arrêtés et leur avait dit « attestation de déplacement dérogatoire ». Il et elle ont donné l’attestation. Ils reprenaient la route.
Je voyais le beau soleil, le ciel bleu et bien sûr des maisons. Des maisons particulières. Une seule, la plus stylée, la plus cool, je l’ai imaginée. Elle serait mieux que en rose, en multicouleurs.
Khadija

 

 

Par la fenêtre je sens le vent souffler,
J’entends le vent souffler
Je sens le barbecue de mes voisins
Je vois des manifestations à 8 heures du soir
Kanza

 

De ma fenêtre, j’aperçois les oiseaux. Ils sont en liberté, eux. Nous sommes comme des lions en cage. Vers midi, quand ma fenêtre est ouverte, je sens tous les jours cette bonne odeur de poulet rôti. Ce fumet vient de l’extérieur, il me plaît, mais me fait râler car ce poulet ne sera pas pour moi ! Et d’un coup, tout me fait enrager, surtout quand je pense que je ne peux pas monter sur ma ponette préférée. Si personne ne me tirait du lit, je resterais là dans mon lit, lisant la journée entière. Je dois me satisfaire d’une fenêtre ouverte, je n’ai pas le choix. J’enrage, mais heureusement que j’en ai une, de fenêtre: elle permet au soleil d’éclairer ma chambre et d’y apporter de la chaleur. Surtout elle donne la vie au pépin de pomme que j’ai planté, au début du confinement. Et le pépin a poussé, il va devenir un pommier. Les preuves de vie existent, même en plein confinement.
OLLY

 

 

 

 

Quand j’ouvris ma fenêtre, une belle maison s’offrit à mes yeux. J’aurais tellement voulu y habiter. La fenêtre était ouverte et j’y voyais du beau mobilier. Sur le lit, il y avait une petite fille. Qu’elle était belle ! Il devait y avoir un grand feu car je voyais de la fumée s’élever de la cheminée. La grange était aussi belle que la maison. Elle avait de beaux volets bleus et était en pierre. C’était tellement beau. Le jardin était immense. L’herbe avait l’air si douce et les petites fleurs tellement jolies… On aurait envie de dormir bien blotti dedans. Et quel grand arbre ! Je voulais y grimper tout de suite ! Il avait de si belles feuilles. Il y avait même un grenier avec une chambre dedans. Je la voyais car la fenêtre de toit était ouverte. Tout avait l’air si accueillant, on aurait cru un rêve. De là, je voyais tout tellement bien.
Solène

 

De ma fenêtre, je vois la rue, et pas de nature. Je suis confinée, ça ne me fait pas rêver. Alors pour oublier que je suis enfermée, je me souviens de l’été dernier : ma chambre en bois sous le toit avait une fenêtre, et mon lit était par terre. C’était la liberté, et par la fenêtre, des fois ouverte, des fois fermée, je voyais de tous les côtés d’immenses montagnes, des forêts, et du vert partout. Je voyais mon cheval préféré, Molko, qui broutait l’herbe et les jolies fleurs roses et bleues qui ne vivent que tout là-haut. J’entendais les cris des marmottes, les amies de ma marmotte Mariette, qui dort avec moi toutes les nuits. Ça me fait rêver, je suis vraiment pressée d’y retourner.
Blanche

Par ma fenêtre,
Je vois le soleil jaune ;
J’entends le bruit du bateau bleu sur la mer ;
Je sens l’odeur du sable.
Thibault

 

Par ma fenêtre,
Je vois des gens qui parlent et qui marchent ;
J’entends ces gens qui sifflent et un petit chien qui aboie ;
Je sens l’odeur des roses, des coquelicots et des tulipes.
Shanez

 

Par ma fenêtre,
Je vois des oiseaux noirs dans le jardin,
J’entends que les oiseaux sont heureux,
Je sens les marguerites.
Marie-Claude

 

Par ma fenêtre,
Je vois un bateau qui se promène sur la mer, les poissons qui nagent autour et des oiseaux qui volent ;
J’entends les oiseaux qui chantent parce qu’il fait beau. Le bruit du moteur du bateau et de la mer et les poissons qui sautent ;
Je sens l’odeur de la mer et du bateau qui pue.
Diane

 

Par la fenêtre de mon salon, je vois mon petit jardin avec mes rosiers et mes iris.
Tout semble calme et paisible de la fenêtre, j’observe les papillons qui virevoltent au rythme du chant des oiseaux.
De ma fenêtre, je vois la vie en rose, tous les matins je regarde si une rose va éclore. Je médite devant mon parterre zen composé de petits cailloux gris bleu et de paillis d’ardoise bleu foncé.
En avril 2020, j’observe dame nature qui fait son travail comme toutes les années précédentes. Cette période de confinement me laisse le temps d’observer, de réfléchir, de rêver et de penser.
De ma fenêtre, je regarde le monde extérieur. Je m’en sens protégée.
Dès que je sors, je ne me sens plus en sécurité, je quitte ma bulle de protection. Je sais que le virus est partout, il peut m’attaquer à tous les instants. Je ne le vois pas, je ne le sens pas. De plus, il est sournois, il se manifestera dans une dizaine de jours. C’est un ennemi invisible.
De ma fenêtre, je pense à la période de déconfinement, à reprendre une vie «normale»:
– Embrasser les gens que j’aime.
– Les serrer dans mes bras.
– Refaire la fête.
– Faire ce dont j’ai envie.
– Aller et venir sans avoir à me faire une autorisation de sortie.
– Retrouver ma LIBERTE
Ma maman me disait toujours: «En avril, ne te découvre pas d’un fil et en mai, fais ce qu’il te plaît».
Cette année elle aurait dit: «En avril, gare au Covid et en mai, ne fais pas ce qu’il te plaît».
Odile T.

 

De ma fenêtre, j’entends le « gros petit » merle chanter, il est 07h30. À part le chant du merle le silence règne. Il est déjà debout, pas le merle mais A., mon fils. Ce confinement l’angoisse un peu, il dort mal, peu… Il est 07h30 et de ma fenêtre on la voit passer, elle est grande, blonde, élégante. Elle a ces cheveux parfaitement bouclés comme tous les jours. Comme si elle se levait déjà prête tel un ange, quand on la regarde d’un peu plus près on peut deviner le souci qu’elle se fait de cet avenir si incertain. Parfois cette fenêtre je la déteste car j’ai l’impression d’être le poids de ses soucis, parfois j’ai peur pour moi… j’ai voulu cette vue et je l’apprécie, j’ai peur de la perdre. Il est tôt on sent la rosée du matin mais aussi le poids de ce confinement sur les épaules de chacun. J’entends un  » Minaaaa  » retentir, c’est A. Qui me sort de mes pensées. Il l’aime tellement sa Mina que dès qu’il la voit, il ne peut s’empêcher de l’appeler. Elle s’arrête un instant, le temps d’un bisou, d’un câlin et de lui expliquer qu’elle doit travailler… c’est elle, elle qui passe ses journées à écrire, écrire ses consignes pour nous, pour moi. Elle me fait du bien, dans cette période où je suis comme un poisson qui se noie, elle est là. Là d’une manière particulière mais là, elle me pousse, m’encourage à m’exprimer, elle me sauve d’une certaine manière. Elle a cette odeur qui ne l’a jamais quittée, cette odeur de rive gauche d’Yves Saint Laurent. Cette odeur que je n’oublierai jamais, cette odeur qui me sécurise même en plein confinement, même à 24 ans… Cette odeur qui je le sais apporte du bien-être aussi à mon fils.  Puis on la voit partir jusqu’à son bureau, son pas est doux, léger, elle passe à côté de ces arbres fruitiers avec son sourire éternel… Elle fait comme si de rien n’était, comme si la vie n’avait pas changé, comme si tout ça ne lui pesait pas. Nous n’en parlerons jamais, je le sais, je le sens. Elle est comme ça, éphémère… Chaque jour est un nouveau pour elle, on ne revient pas sur le précédent ni sur ce qui blesse. On ne parle pas, on le sait, on ne sait pas se parler mais on s’aime. La nature reprend ses droits, l’homme n’intervient plus au contraire, de ma fenêtre je les vois les hommes, l’heure a passé et ils sont sortis, ils ont mis leurs « bottes de flaques », pris leurs pelles. Ils ont appris à vivre comme ça, un peu comme des lions en cage ils se sont finalement tournés vers l’essentiel, la nature et ils la chérissent comme ils ne l’ont jamais fait.
Clothilde G.

 

De ma fenêtre ouverte, je profite du ciel bleu et de l’air sur mes joues.
Les médecins m’ont dit que respirer l’air de ma fenêtre, c’était sans risque.
Ça me fait du bien de sentir la chaleur du printemps.
Ça réchauffe ma carcasse.
J’ai tellement eu froid.
De la réanimation, il n’y a que ça dont je me souviens.
Je suis revenu pour Pâques. Je suis un ressuscité.
Début Mars, je suis rentré à l’Hôpital pour une obésité morbide et un anneau gastrique et six semaines plus tard, je suis ressorti sans anneau et avec vingt kilos de moins.
Ma femme me trouve métamorphosé.
J’ai changé de l’intérieur.
Je ne râle plus. Je ris.
Maintenant, ma femme m’appelle « Chéri ».
Au début, je croyais qu’elle parlait au chat.
De mon fauteuil dans le salon, je me délecte, les sens en éveil.
Je regarde les photos de famille sur le buffet et les poils de chat sur les fauteuils.
J’écoute les bruits de bouche de ma femme et les ronronnements de mon chat.
Je sens les poireaux que ma femme fait cuire dans la cuisine et les déjections du chat dans sa litière.
Je déguste la salade verte et la purée maison.
Le chat vient sur mes genoux.
Je souris à ses coups de langue râpeuse sur ma main.
Il n’a plus peur quand je lève le bras pour caresser son poil doux.
Ce maudit virus m’a ramené à la vie.
Mon masque est tombé.
J’ai ouvert les yeux.
Je vois la vie du bon côté.
J’ai attrapé la maladie d’amour.
O.T.

 

La fenêtre du grand hall, ça fait partie de l’univers de Pascal factotum au Régina. Un ancien hôtel transformé en appartements. Malgré le confinement, le travail ne manque pas.
8h00 – Astiquage des sols, poignées, boites aux lettres, parlophone. Par la fenêtre, premier coup d’œil au jardin.
-Il faudra tondre la pelouse dans la semaine, le jardinier ne vient plus !
9h00 – Par la fenêtre ouverte c’est le grand silence qui entre. Plus de sirènes de voitures prioritaires, plus de démarrages intempestifs, seuls les oiseaux du parc se partagent les grands arbres.
-Ne pas oublier de remplir les bacs à eau, ça fera des heureux.
10h00 – Par la fenêtre le facteur est repéré au bas du petit chemin. Il fait signe à Pascal, dépose le sac du courrier qu’il reprendra demain. Pascal distribue les lettres. Pour les colis il appelle par l’interphone les personnes concernées. Louis la personne âgée du quatrième réagit aussitôt :
-Je descends de suite !
-Non, non ne bougez pas je vous l’apporte, vous devez rester confiné !
-Et m…. J’ai le droit de me promener non ? Ils en rient tous les deux, il faudra respecter les distances, ça n’est pas le moment de…
11h00 – Par la fenêtre, Pascal aperçoit le sportif du premier qui revient de ses courses. Sac à dos, deux paniers remplis à ras bord. La prochaine fois il lui faudra une corde de rappel, pour les piolets ça sera difficile. Un grand sourire.
Une trace sur le vitrage de la fenêtre lui avait échappé. Enlevée sur le champ.
12h00 –Pascal essaie de saisir les effluves du jardin. Le printemps semble en retard cette année, au ralenti lui aussi ? Pourtant les hortensias comment à fleurir…c’est une illusion certainement…
Et la petite fontaine du bassin ? On ne l’entend plus, j’irais voir tout à l’heure, ça ne doit pas être grand-chose.
14h00 – Silence, c’est la sieste. Tout le monde se repose sauf la petite dame du troisième qu’il aperçoit avec sa canne dans le parc. Elle le voit derrière la fenêtre du hall, lui fait signe.
-Ah Pascal, vous avez-vu à la télé…
-Madame Martin, je vous l’ai déjà dit, arrêtez de regarder les informations en continu, je vais demander une ordonnance a votre médecin : Interdit de journal télévisé. Je vous passerai des films en cassettes et puis sur le journal il y a plein de jeux, je vous laisse le mien sur la petite table…
16h00 – Pascal les mains derrière le dos suit au travers des vitrages la transformation des nuages, le ciel bleu qui s’installe, qui disparaît, qui revient… Le bruit de la fontaine le rassure…ça n’était vraiment pas grand-chose.
20h00 – tout s’anime brusquement. Applaudissements, instruments de musique sur les balcons, concerts improvisés, cris, sifflets. Par la fenêtre il aperçoit les faisceaux lumineux qui scandent le rythme des chansons. La vie étouffée semble se réveiller.
20h15 Le silence revient. La nuit s’impose. Demain sera un autre jour.
En avril ne te déconfine pas d’un fil…
Gérald I.

 

Elle marchait très seule, dans une rue très déserte, d’une ville très triste !
Elle savait que son temps « le nez en l’air » était limité, qu’il lui faudrait, dans moins d’une heure, retrouver son petit appartement, son chat et sa solitude.
Elle se demandait comment faisaient les autres pour supporter de telles contraintes ? Les autres mais où étaient-ils « les autres » ? Cachés, confinés, soustraits à ses envies de contacts, de mots échangés, de bises déconfinées.
Alors que, perdue dans ses pensées, elle longeait le mur en pierre de taille d’une maison cossue, l’envie lui vint de regarder par une des fenêtres de ce mur ce qui se passait derrière.
C’était le début de l’après-midi, il faisait chaud, les persiennes étaient à demi fermées ; une femme allongée sur un canapé d’une horrible teinte grenat lisait un livre. Assis en tailleur devant la table basse, un petit garçon qui pouvait avoir six ou sept ans était absorbé par un dessin animé que sa mère lui avait programmé sur la tablette pour avoir quelques instants de paix. C’était un intérieur un peu démodé dénotant un milieu bourgeois. Les rideaux, lourds, étaient de velours grenat eux aussi.  Des tableaux représentant des scènes de chasse ou autres sujets bucoliques couvraient les murs ; sur le piano (à queue bien sûr) les incontournables photos de famille ! Seule touche de modernité : un ordinateur sur la table de salle à manger (en acajou évidemment) et devant cet ordinateur un homme, le père de famille sans doute, travaillait. Le crocodile sur le polo, le bermuda, et les « Tods » aux pieds, la confortaient dans l’idée du milieu bourgeois, de province par surcroît ! Dans un coin du séjour : une immense plante verte, un caoutchouc je crois, couronnait le tout.
Elle détourna les yeux de cet aperçu attristant d’une famille « confinée » avant même le confinement et se dit que dans le fond elle ne serait pas si malheureuse de  retrouver dans quelques instants son appartement clair, ses meubles Ikéa et son chat (de gouttière bien sûr !)
Annette L

 

 

30ème jour de confinement.
La fenêtre était ouverte sur un fond bleu, un bleu intense et lumineux. Aucun nuage, juste du bleu à l’infini.
Je tenais le livre sur mes genoux et je regardais par la fenêtre ouverte sur le papier. Toi, tu fixais la fenêtre fermée de ta chambre.
– Qu’est-ce que tu vois par la fenêtre ?
– Je ne vois rien, ça fait des jours que ça dure ! Pas un passant, pas une voiture, pas même un chien errant. Je ne vois rien ! Et, toi ?
– Je vois une mouette qui plane dans mon ciel bleu. Elle descend en piqué, elle joue avec le vent, elle s’amuse !
Je suivais le vol de la mouette dans mon carré de papier, je la voyais s’éloigner, voler si loin que par moment elle sortait du cadre. Puis, elle réapparaissait au milieu de mon ciel bleu. Son œil vif cerné de jaune me lançait un regard d’oiseau un peu rond. Je ne sais pas parler aux mouettes, mais celle-ci faisait des tentatives d’approche, je le sentais.
– Qu’est-ce que tu entends ?

– Ben, rien !!! Je te dis qu’il n’y a personne ! C’est le silence. Le silence angoissant. Pas un klaxon, pas un rire d’enfant, pas de rumeur qui monte de la ville. Un no man’s land ! J’ai l’impression d’être tout seul. Et toi ?
– Moi, j’entends le ressac de la mer, le cri d’une mouette, une corne de brume !
J’étais au bord de l’Atlantique. Au loin, un chalutier revenait de la pêche et se dirigeait vers le port, j’entendais vaguement le teuf-teuf du moteur, j’entendais aussi le bruit de ma bicyclette, le crissement des pneus sur le chemin de sable. Je voyais l’image de papier s’animer et les vagues cogner. J’éloignais un peu le livre, j’avais peur d’être éclaboussée par les embruns.
– Qu’est-ce que tu sens par la fenêtre fermée ?
– N’importe quoi ! Une odeur de renfermé justement, je ne l’ouvre pas la fenêtre ! Et toi ?
– Je sens l’iode à plein nez et l’odeur des genêts qui m’enivre.
Il y avait des tâches jaunes lumineuses parsemées sur le bleu de mon carré de papier. J’avais un goût de sel sur les lèvres et les yeux qui piquaient. Je remontais mon col, on était en avril, il faisait encore frais.
Tu me demandes :
– Qu’est-ce que tu manges à midi ?
– Des crêpes ! Des crêpes au sucre et au beurre salé. Et toi ?
– Je me décongèle une pizza !
– Ah oui ! C’est bien aussi d’être en Italie par la fenêtre fermée. Moi, je reste en Bretagne par la fenêtre ouverte.
– Bon, on se rappelle la semaine prochaine !
– Ciao !
Sylvie B.

Nostalgie, nostalgie, nostalgie, une émotion, un sentiment que je ne connais pas. Certainement car je n’ai pas d’image dans ma tête, je ne pense pas en images.
Mental, mental, mental,  tu me domines depuis trop longtemps, tu es celui qui m’a permis d’évoluer, de m’améliorer mais également celui qui me fait tourner en rond et me bloque.
Si je devais être nostalgique, je crois que je regretterai ces années passées sur les plages à vivre en bohémienne, rêve de mon enfance, à faire du surf et du windsurf. Ces années douces, joyeuses, riches en rencontre et de plaisir. Mais voilà, je ne suis pas nostalgique et je n’ai pas de regret, car je vis le moment présent et me lance continuellement des défis pour m’améliorer, me dépasser et grandir.
Mais grandir vers quoi, pourquoi ? Je crois que je cherche la source de toute chose, la source en moi qui est cette étincelle de vie infinie et éternelle, cette source qui me fera comprendre qui je suis vraiment et quel est mon but.
Nostalgie, nostalgie, nostalgie, si seulement je pouvais l’être ! Ce serait plus simple pour moi ! Car ainsi je pourrai vivre dans mon passé, revivre toutes les nombreuses aventures que j’ai vécues pendant mes vingt années de voyage.
En regardant mon dessin, je me rends compte de cette période de bonheur que j’ai vécu, ce rêve d’enfant que j’ai pu réaliser. Mais je ne ressens aucune nostalgie, aucun regret, car je me sens à ma place aujourd’hui, même si vu de l’extérieur ma vie semble moins joyeuse, moins fun, intérieurement je me sens tellement plus accomplie, sereine et en paix.
Aujourd’hui, je sais que quel que soit mon choix, quel que soit la vie que je vis, il ne tient qu’à moi d’être heureuse, de la vivre pleinement et d’en retirer une leçon, une compréhension et enfin de compte un but.
Isabelle C.

 

Depuis la fenêtre ouverte
Confiné dans son appartement, il est devant son écran d’ordinateur, il se force à travailler, il le faut bien. La fenêtre juste devant son bureau est ouverte, elle donne sur un parc. Un courant d’air frais le fait frissonner. Le temps est-il en train de changer ? il regarde par cette fenêtre ouverte. Les feuilles d’un gros tilleul se balancent dans le vent, les bambous de la haie s’entrechoquent dans un doux bruissement. Les allées sont désertes, les feuilles tombées à terre dansent en tourbillonnant. Les fleurs du parterre sont en pleine floraison, oui, le printemps est bien là. C’est joli, il regarde, prend son temps, mais il ne se passe rien, c’est désert…. Et c’est triste. Il a besoin de vie, envie de mouvements, de bruits, il aimerait surtout se distraire un peu, c’est normal !
Alors il invente, il ferme les yeux et invente les enfants qui jouent au ballon en criant, les mamans bavardent en leur jetant un œil de temps en temps, il voit des amoureux qui se retrouvent en tendant les bras, ils s’embrassent, ils sont heureux, il rêve avec cette femme solitaire qui sillonne les allées lentement, c’est dur la solitude … Et cet homme assis sur un banc lisant son journal, lèvera-t-il la tête de son papier et verra-t-il la femme qui s’approche ? Il continue à inventer l’histoire et son spectacle s’impose nettement dans sa tête…
La vie a repris un moment, juste un petit moment avant de retrouver son ordinateur, la réalité du confinement, c’était déjà ça….
Dany J