Rompez ! ou pas…

Il paraît que le 14 février marque le début de la période des amours… chez les oiseaux.

Nul homo sapiens sapiens n’est donc tenu ce jour-là de se montrer aimant envers « l’objet » de ses amours et inversement… Les écrivants du mercredi se sont saisis de cette consigne.


Miroir
Oh, mon Miroir ! Je suis au regret de t’annoncer que tu es un peu fêlé. Il va falloir malheureusement nous séparer. Et puis dis donc, depuis quelques temps les images gentilles se font rares. C’est quoi cette manie de me mettre des barres horizontales et verticales sur le front, autour des yeux ? Enfin bref, je ne me reconnais plus quand je te regarde alors je suis navrée mais je vais aller me faire voir ailleurs !

Mais ailleurs ma pauvre amie…

les barres seront toujours là !
Tu devrais relire Ronsard : ta beauté est derrière toi « elle a vécu ce que vivent les roses : l’espace d’un instant » !
Les barres vont se multiplier, se creuser, bref tu vas devenir « vieille ».
Alors un conseil : fais comme on faisait autrefois après un deuil : recouvre tous tes miroirs d’un grand voile noir et tu verras la vie en rose !!!

 

Mon cher stylo-tournevis,
C’est avec toi que je t’écris cette lettre d’amour. C’est la Saint-Valentin, et je tiens en ce jour à te dire combien je t’aime, et que j’ai tant besoin de toi. Tu me sers à écrire des bêtises aussi bien que des belles choses, peu importe, mais c’est avec toi que j’écris le mieux. Et puis, à l’autre bout de la plume, j’y trouve des petits tournevis qui me sont indispensables, j’aime les avoir avec moi, ils peuvent me servir à tout bout de champ, à revisser mes lunettes, à re-bloquer les vis du fauteuil, gratter un peu de colle tombée çà et là et j’en passe. Tu sais, tu complètes bien ma panoplie pour l’écriture et le bricolage, je ne peux me passer ni de l’une ni de l’autre, et toi seul tu corresponds aux deux. Quelle chance de t’avoir !
J’ai eu un mécano pour mes 12 ans, une chignole pour mes 20 ans et une caisse à outils pour mes 30 ans qui a fait baver d’envie tous mes copains, maintenant je t’ai toi, mon stylo adoré. Ne te perds pas, suis-moi partout, ne t’égare pas, et surtout reste toujours avec moi.
DJ

Ma chère amie,
Je ne comprends pas, tu as oublié bon nombre de mes atouts : ma règle qui te permet de rester mesurée en toute chose, mon niveau pour que tu ne bascules point, ma gomme pour t’effacer et puis ma taille, idéale pour la prise en main.
Me voici meurtri mais je n’en ferai pas l’objet d’une dispute, je t’aime aussi. Ton imagination me fait vivre de sacrées aventures. Tu me balades d’un pays à l’autre, d’une histoire à l’autre. Grâce à toi je vis une vraie vie d’aventurier, je t’en suis reconnaissant.
Continuons de nous aimer !
Ton stylo

Chère mouvette abhorrée,
Cette fête imbécile de la Saint-Valentin me procure enfin l’opportunité de te dire que je cesse toute relation avec toi, que j’arrête de t’utiliser !
J’en ai marre de faire la cuisine, de tourner tes sauces ; je te dis : va voir ailleurs chez quelque apprentie cuisinière. Moi, je pars au cinéma.
Sans regrets, bien à toi.

 

À ma cuisinière adorée,
Comment peux-tu m’abandonner ainsi après toutes ces années de bons et loyaux services ? Tu sais, ce n’est pas toujours de ma faute si tes sauces sont loupées. Il est vrai que tu y mets de la bonne volonté mais même avec les meilleurs ustensiles on ne s’improvise pas bonne cuisinière comme ça !
Tu oublies vite toutes les sauces horribles dans lesquelles tu m’as trempée et dont j’ai supporté le goût infecte uniquement pour te faire plaisir.
Alors s’il te plaît, remets-toi un peu en question avant de me reléguer au placard.
À bon entendeur salut ! Et je ne te souhaite pas bonne Saint-Valentin !


Iphone,
Je t’appelle par ton nom de famille pour installer la distance nécessaire à ce que j’ai à te dire.
Je te quitte, mieux, je te fous à la déchet’. Misérable que tu es, à interrompre sans cesse ma vie pour m’entendre dire : « t’es où ? », « où t’as mis… ? » « quand est-ce que t’arrives ? » « j’ai faim ! » « j’ai un peu mal au ventre » « tu m’achètes… ».
Ton bavardage m’irrite, provoque chez moi des acouphènes, je ne veux plus rien recevoir de tes ondes. Adieu !
Ton ex

 

Ma pauvre amie,
Mais comment vas-tu faire et vivre sans moi ? Comment vas-tu avoir des nouvelles de tes amours chéris ? Je vais te manquer, c’est sûr !
Je te plains de tout mon cœur, tu ne sais pas encore ce qui t’attend, ta solitude, le silence assourdissant du manque….
Mais ne t’inquiète pas, si tu me jettes, n’importe qui sera content de m’adopter, un ado pour draguer sa copine, une mamie pour communiquer avec ses petits et bien d’autres. Je ne me fais pas de souci pour moi, mais je m’en fais pour toi, ma pauvre amie !
Et puis, tant pis pour toi après tout, vie ta vie de ringarde, je m’en balance !
IP