Parce qu’il n’y a pas que le Beaujolais…

Vendredi 16 novembre, L’écriture nomade a choisi la M-o-ma pour célébrer l’arrivée d’écrivants nouveaux dont le lecteur trouvera ici quelques concaténations, figures de style gouleyantes, et concoctées en groupe.

Le vin m’enivre comme chaque soir, est-ce que j’arriverai à enlever cette buée ?
Cette buée finira bien par se dissiper même après un autre verre.
Un autre verre… ce fut celui de trop. Roland Makenzi ne s’en remit jamais.
Jamais, je ne vis d’alcoolique aussi élégant et tenant des propos si cohérents.
Cohérents ! Enfin ce n’est pas le terme exact, Makenzi était un dandy.
Un dandy vaporeux et acide comme un Beaujolais nouveau lorsqu’il n’avait pas son quota d’alcool pour éteindre les étincelles de sa méchanceté.
Sa méchanceté légendaire, on en parla bien longtemps après sa mort, après ce dernier verre de trop qui le plongea dans un coma, dans un trépas, puis un jour on n’en parla plus.

Auguste Pinard descendit la rue, s’assit à sa table favorite et but son verre de vin.
Vindicatif, oh oui, ça il l’était !
Il l’était ou il était obsédé à vouloir toujours s’asseoir et boire un verre de vin ?
Un verre de vin en main, Auguste Pinard était heureux, mais saoul comme un cochon.
Un cochon rose foncé, un peu gros, un peu gras, enfin vous voyez l’image, le sex-appeal…
Sex-appeal dont madame Pinard n’était pas pourvue, quand elle descendit chercher Auguste avec sur sa tête des bigoudis.
Des bigoudis oui, des bigoudis qui chutèrent avec elle dans l’escalier lorsque Madame Pinard, ivre de rage, hurla « si tu continues de picoler, Auguste, j’te quitte ! ». Elle le quitta, son Auguste, pour son dernier voyage qui nous réunit ici ce soir.

 

Boire un verre de vin le soir me remplit de sérénité.
Sérénité délicieuse de toute une vie.
Une vie que je mène comme je peux avec mon mari, mes enfants et mon chien.
Mon chien est le plus sobre d’entre nous. Il nous observe et semble même nous analyser. Plus je bois du vin, plus mon chien me paraît perspicace.
Perspicace oui comme mon mari d’ailleurs en l’œil de qui je retrouve cette même absence de lumière, certains soirs.
Certains soirs je m’enivrerais volontiers pour oublier sa vacuité sidérale.
Sidéral, un vide sidéral, dans lequel j’ai entraîné toute ma famille, sauf mon chien.

 

Qu’il est enivrant ce bon vin !
Ce bon vin de messe ou ce bon vin que l’on partage entre amis ?
Entre amis, c’est déjà l’ivresse des soirées endiablées !
Des soirées endiablées où Paul finit toujours par danser sur la table.
La table dont j’aimerais connaître les souvenirs. J’adore imaginer que la table puisse se souvenir de tout qui s’est dit autour d’elle.
Autour d’elle, et au-dessus d’elle, je m’souviens de la nuit où Roberta la Divine s’était hissée sur la table pour un flamenco endiablé,
endiablé et envoûtant qui médusait son public d’aficionados qui sirotait son Tinto !

 

Pour moi, ce sera définitivement sans vin.
Sans vin comme à chaque soirée.
Chaque soirée est suivie d’une nuit et de rêves divins.
Rêves divins ? Non, mais tu te fous de mois Jacky ?
Jacky, Ô beau Jacky, pourquoi ne veux-tu pas boire un verre de ce délicieux Chardonnay ?
Ce délicieux Chardonnay, comme tu dis, m’empêche de vivre, de rêver, il tape, tape et retape. Mes tempes vont exploser.
Tempes explosées, c’est comme ça que les flics les ont découverts, Jacqueline et Jacky tous les deux sans tête !

 

Ce qui m’étonnait, enfant, c’est qu’elle buvait un litre de vin.
Un litre de vin, ni plus ni moins, c’est ce qu’Églantine Feuillard buvait chaque jour depuis 62 ans. Soixante-deux ans, déjà, eh oui, c’était l’âge de sa fille aînée Blandine.
Blandine n’était-elle pas plutôt sa plus jeune fille ?
Jeune fille, vieille fille… peu importe ! La vie défile bien trop vite à mon goût.
À mon goût nous devrions vivre 150 ans pour avoir le temps de découvrir le monde et toutes ses richesses.
Toutes ces richesses, on prendra soin de les partager, de les préserver et les transmettre.

 

Le vin c’est la vie, et puis voilà !
Voilà, elle se satisfaisait toujours du minimum, des petites phrases à la con comme ça !
« Comme ça » pensait-elle, en le répétant instinctivement, mais cette fois-ci elle nota sérieusement la phrase dans sa mémoire.
Sa mémoire commençait à flancher, il faut le dire, mais pas pour tout.
Pour tout vous dire, elle était fatiguée de devoir faire face à la vie.
La vie tantôt sérieuse tantôt frivole… elle l’aimait malgré tout.
Malgré tout ce qui s’était passé, tout ce qu’elle avait vécu de difficile, elle l’aimait et le vin l’adoucissait.

 

Est-ce que le vin me manquerait si je n’en avais jamais bu ?
Jamais bu mon œil !
Mon œil lorgnait son assiette appétissante.
Appétissante, elle l’était, mais ce qui me procurait le plus d’ivresse, c’était le vin.
Le vin et mon œil droit dont la paupière tremblait dès le troisième verre.
Verre plein, à demi-plein, vide, c’est une histoire de verre, encore et toujours.
Encore et toujours, pourquoi pas jamais une soirée sans un bon verre de vin !

 

Aujourd’hui, épreuve terrible pour moi, il m’a fallu acheter du vin !
Acheter du vin, je m’y efforçais tous les jours.
Tous les jours il me fallait remonter cette rue pour lui procurer sa canne.
Sa canne n’était pas si éloignée de la mienne, me dis-je, même si mon addiction à l’alcool était plus feutrée, dans une alcôve où je ne buvais que du Chivas.
Du Chivas, mais pas n’importe lequel…
Lequel d’entre nous préfère boirait du Chivas, du Coca ou tout simplement du vin ?
Simplement du vin ? pourquoi pas… je dirais plutôt simplement la vie… juste la vie… que la vie à savourer chaque jour sans modération !